lundi 5 mai 2008

Les histoires dingues du père Al Batar

J'ai trouvé un blog sympa avec diverses analyses et anecdotes historiques et géopolitiques, et j'en ai trouvé une pas mal : (c'est du ctrl-c ctrl-v), lisez tout, c'est vraiment impressionnant, et c'est véridique !

C'est un peu décousu, mais c'est parce que je fait ça à l'arrache, allez donc voir direct sur le blog

Ici, l'action se passe pendant la bataille de Midway, dans le Pacifique, en 1942.

"A 04H30, alors que les premiers appareils japonais décollent vers Midway, en ce 4 juin 1942, les trois porte-avions américains - que l'État-major de Nagumo croit encore à Pearl Harbour - se préparent de leur côté à lancer leurs propres appareils dans la direction supposée des navires nippons.

Visant à attirer la flotte américaine dans un piège mortel, le plan de l'amiral Yamamoto n'a en réalité abouti qu'à une dispersion des forces si catastrophique que les aviateurs japonais ne disposent même plus de la supériorité numérique sur leurs adversaires américains, renforcés il est vrai par les appareils - au demeurant fort décevants - de "l'incoulable porte-avions Midway".

En tout, la première vague japonaise se compose de plus d'une centaine d'avions qui, vers 06H30, débouchent au dessus de Midway. Prévenus longtemps à l'avance grâce leurs radars, les Américains ont eu le temps de mettre leurs canons en batterie, et de faire décoller tout ce qui pouvait prendre l'air. Alors que bombardiers et hydravions détalent à tire-d'aile, une trentaine de chasseurs, pour la plupart périmés, se préparent à accueillir les appareils japonais.

Hélas, les "Buffalo" et "Wildcat" ne font pas le poids face aux "Zéro" japonais,... et d'autant moins que les pilotes américains, prisonniers de leur doctrine d'entraînement, s'obstinent encore à privilégier le combat tournoyant dans lequel les avions nippons, bien plus légers et agiles, excellent et les dominent très facilement.

Dans quelques mois, l'analyse des rapports de combats, et l'expérience douloureusement acquise - notamment par les "Tigres volants" en Chine - inverseront radicalement la tendance. Mais pour l'instant, les résultats de la chasse américaine sont proprement catastrophiques : sur une trentaine d'appareils lancés dans la bataille, seuls neufs - pour la plupart très endommagés - parviennent finalement à rentrer à leur base.

De leur côté, les Japonais n'ont perdu que six avions,... et du seul fait de l'artillerie anti-aérienne américaine (!) Ils ont également causé de gros dégâts aux installations de l'île, et endommagé la piste d'atterrissage, mais pas suffisamment pour interdire aux rescapés américains de revenir s'y poser.

A l'évidence, une seconde attaque est nécessaire.


Elle n'aura jamais lieu.




En lançant à 04H30 une première vague de bombardiers vers Midway, l'amiral Nagumo avait craint qu'elle ne s'avère insuffisante, et ordonné que l'on prépare une deuxième vague qui, deux heures plus tard, était à présent sur les ponts d'envol, prête à décoller.

Mais Nagumo, toujours très prudent, avait également ordonné que la moitié de ces appareils - en fait tous ceux des porte-avions Kaga et Akagi - soient armés de torpilles au cas - au demeurant improbable - où des navires américains seraient détectés dans les parages.

Plusieurs hydravions de reconnaissance avaient d'ailleurs décollé, sans rien apercevoir sur l'océan, ce qui, à 7H15, convainquit Nagumo de faire redescendre les avions-torpilleurs du Kaga et de l'Akagi dans leurs hangars, afin de les réarmer avec des bombes, puisque les premiers rapports arrivés de Midway démontraient la nécessité d'y lancer une deuxième attaque dont on avait toutes les raisons de croire qu'elle ne pourrait être menée à bien avec les seuls appareils du Hiryu et du Soryu.

Mais à 7H28, alors que les armuriers japonais s'affairent à remplacer les torpilles par des bombes, c'est le coup de théâtre : l'hydravion du croiseur Tone, qui en raison d'une avarie de catapulte n'avait pu décoller qu'un quart d'heure après tous les autres appareils de reconnaissance, signale la présence d'une dizaine de navires américains, à environ 300 kilomètres. Mais il lui faudra encore près d'une heure avant d'être en mesure de signaler la présence d'un porte-avions.

Du coup, et même s'il ignore encore la composition exacte de la force américaine, voilà Nagumo contraint de l'attaquer. Et pour cela, les torpilles sont plus efficaces que les bombes. L'ennui, c'est qu'il lui faut aussi récupérer la centaine d'appareils de la première vague qui, à court d'essence, s'en reviennent de Midway.

Or, à cette époque précédant l'invention du pont oblique, le porte-avions peut soit lancer des avions, soit les récupérer. Mais pas les deux à la fois. Nagumo se trouve à présent devant un dilemme : doit-il lancer immédiatement, et sans escorte, les bombardiers entassés sur les ponts, et laisser ainsi les appareils qui reviennent de Midway s'abimer en mer par manque d'essence, ou doit-il, au contraire, récupérer en priorité les appareils en vol, et donc faire redescendre au hangar ceux qui, chargés de bombes, s'alignent en ce moment sur les ponts d'envol ?

A 08H30, la décision tombe : "dégagez les ponts, les avions au hangar !", mais aussi "réarmer avec des torpilles !"

Le sort de la marine japonaise vient de se jouer



à 08H30, en ce 4 juin 1942, sur les appareils destinés à la seconde attaque et que l'on vient de redescendre en cales afin de libérer les ponts au profit de ceux qui s'en reviennent de Midway, les armuriers du Hiryu et du Soryu s'affairent à remplacer les bombes par des torpilles, afin d'être en mesure de les lancer contre le mystérieux porte-avions américain que l'hydravion de reconnaissance du croiseur Tone a aperçu peu auparavant.

L'énervement est encore pire sur le Kaga et l'Akagi, où les armuriers en sont à leur deuxième changement en un peu plus d'une heure. Du coup, et dans l'excitation du moment, les bombes que l'on a détaché à la hâte pour les remplacer par des torpilles restent à traîner dans les hangars au lieu de regagner les soutes blindées comme elles le devraient...

De leur côté, les Américains ne sont pas restés inactifs. Dès 07H00, chasseurs, bombardiers et avions-torpilleurs ont mis le cap vers la direction supposée de l'ennemi, avec des fortunes pour le moins diverses.

Ainsi, en est-il d'une dizaine de chasseurs Wildcat du porte-avions Hornet, forcés de se poser sur l'eau à court d'essence et sans jamais avoir vu un seul navire japonais. Ou encore des quinze avions-torpilleurs de ce même Hornet, tous descendus par la chasse et l'artillerie japonaises sans avoir pu mettre une seule torpille au but. Même cause et même punition pour quatorze torpilleurs de l'Enterprise, puis pour ceux du Yoktown, pourtant escortés de six chasseurs, eux aussi descendus presque instantanément par la chasse japonaise.

En tout, sur la centaine d'appareils lancés par les trois portes-avions américains, seule une cinquantaine est parvenue à trouver l'objectif, et seule une douzaine a réussi à y survivre,... mais sans mettre un seul coup au but (!)

Les résultats du "porte-avions Midway" sont tout aussi catastrophiques. Sur les dix appareils (dont quatre bimoteurs B26) qui ont attaqué l'escadre japonaise vers 07H00, seuls quatre sont rentrés à leur base. Même désastre pour les seize "Dauntless" du major Henderson : huit seulement reviennent à Midway, dont six dans un tel état qu'ils y seront aussitôt ferraillés. A 8H10, ce sont les B17 qui passent à l'attaque. Mais leurs bombes, à nouveau lancées de plus de 6 000 mètres d'altitude, ne causent pas plus de dommage que la veille. Encore les gros quadrimoteurs parviennent-ils à rentrer intacts, à la différence des onze "Vindicator" de Midway, qui y laissent deux des leurs sans, là encore, porter le moindre coup à l'ennemi.

Décidément, les Japonais paraissent imbattables. Mais c'est alors que la chance, qui les a si bien servis jusqu'ici, se décide à tourner...

dans une guerre, il s'en faut parfois de quelques misérables minutes en plus ou en moins pour transformer une victoire inéluctable en défaite inattendue, et la gloire promise en honte inexpiable.

Pour la marine impériale japonaise, ce moment maudit se produisit à 10H20, le 4 juin 1942, alors que ses porte-avions, après avoir récupéré tous leurs appareils de retour de Midway, s'apprêtaient à lancer de nouveaux avions dans la direction présumée des navires américains, aperçus peu auparavant par l'hydravion de reconnaissance du croiseur Tone.

Une minute plus tôt, sur la passerelle de l'Akagi, l'amiral Nagumo avait pourtant toutes les raisons d'être satisfait. Ses bâtiments étaient parvenus à repousser toutes les attaques américaines sans subir le moindre dommage mais en parvenant à abattre près d'une centaine d'appareils ennemis (!)

Et s'il était à présent clair qu'il y avait bien plus qu'un seul porte-avions américains dans les parages, la supériorité nippone, au vu des résultats, n'en était pas moins incontestable. Encore dix minutes, et le cafouillage du début de matinée - lorsqu'il avait fallu redescendre par deux fois au hangar les avions du Kaga et de l'Akagi pour les réarmer en bombes puis en torpilles - aurait été oublié. Avec dix minutes de plus, l'Histoire aurait pris une toute autre direction...

Mais alors que les ponts d'envol rugissent déjà du bruit des moteurs qui tournent au point fixe avant le décollage - prévu à 10H30- la chance, qui jusqu'ici a insolemment protégé l'escadre japonaise, se décide soudainement à tourner. Du ciel, surgissent de nouveaux bombardiers en piqué américains, que personne ou presque n'a aperçu...

L'Akagi est touché à trois reprises, son pont d'envol est éventré. Les avions, aux réservoirs bourrés d'essence, explosent les uns après les autres. Mais le plus grave, ce sont les bombes japonaises - que les armuriers n'ont pas eu le temps de redescendre en soute après les avoir décrochées des avions - qui se mettent à exploser dans les hangars, et à ravager le bâtiment d'un bord à l'autre. Même motif et même punition pour le Kaga, dont le pont, dira un aviateur américain, "s'est détaché comme une banane".



Cette fois, les aviateurs de l'Enterprise n'ont pas raté leur coup, imités à quelques secondes d'intervalle par ceux du Yorktown, qui ont également transformé le Soryu en brasier infernal. Il coulera dans la soirée, en même temps que le Kaga, et quelques heures avant l'Akagi, que les Japonais saborderont au matin du 5 juin.

Ne reste plus en lice que le Hiryu sur lequel l'amiral Yamagushi, nullement démonté par les événements, donne l'ordre de lancer tous les appareils disponibles - 24 avions en tout - qui, se guidant les appareils américains regagnant leur porte-avions, trouvent bientôt le Yorktown et le laissent en flammes, certains de l'avoir coulé.



Miraculeusement rescapé de la Mer de Corail, réparé en 48 heures alors que les ingénieurs lui pronostiquaient trois mois d'immobilisme, l'invincible Yorktown, immobilisé sur l'eau, flottait encore après le passage dévastateur des appareils du Hiryu, dernier survivant des quatre porte-avions de l'amiral Nagumo.


Mieux encore : à 14H00, il était en mesure de repartir à 18 noeuds, juste à temps pour affronter une fois encore la quinzaine d'appareils que le Hiryu, décidément rancunier, était parvenu à relancer contre lui à 12H45. Ce n'était guère qu'une poignée d'avions - tout ce qui restait de l'escadre japonaise - menés par le lieutenant Joichi Tomonaga, dont le propre appareil, aux réservoirs percés au dessus de Midway, n'avait pu être réparé à temps, ce qui le condamnait donc à ne jamais pouvoir rentrer à bord.

Ce fut néanmoins suffisant pour torpiller le Yorktown.

Touché à deux reprises, le grand porte-avions prit bientôt une gîte de 25 degrés, puis s'immobilisa alors que les 2 270 membres de son équipage, convaincus de le voir bientôt chavirer, l'évacuaient en bon ordre et sans la moindre perte


Presqu'au moment où les aviateurs du Hiryu attaquaient le Yorktown pour la seconde fois, ceux de l'Enterprise s'apprêtaient à redécoller vers le Hiryu. Une poignée d'avions là aussi. Ce fut néanmoins, et là encore, suffisant pour régler le sort du navire japonais qui, depuis l'aube, avait évité la bagatelle de 26 torpilles et 70 bombes (!)

Il n'évita pas celles du capitaine McClusky qui, quelques heures auparavant, avait déjà scellé le destin de l'Akagi. A 21H00, le Hiryu était stoppé, avec une gîte 15 degrés. Il fut sabordé à l'aube du 5 juin, emportant dans la mort plus de 400 marins, dont l'amiral Yamagushi, qui avait refusé de quitter son navire.

Pour Nagumo, réfugié sur le croiseur Nagara, la perte de son dernier porte-avions donna le signal de la retraite. Il se retira vers le Nord-Ouest à la tombée de la nuit, avec les survivants de son escadre. A ce moment, Yamamoto, et les plus puissants cuirassés du monde, étaient encore à plus de 500 kilomètres de lui. A 02H55, le 5 juin 1942, ce dernier donna enfin l'ordre qui consacrait la défaite japonaise : "l'opération Midway est annulée".

Le Japon venait de perdre la moitié de ses porte-avions, et les meilleurs aviateurs de sa flotte.

Dans la Navy, en revanche, la Bataille de Midway entra dans la légende sous son qualificatif de "Glorieux 4 juin". Une gloire qui, à moins de dix minutes près, aurait pu être celle du Japon."



Dingue non ?

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